M comme Monts
Autour de Compiègne, le sol est fait de craies du crétacé supérieur. Le cœur de la forêt est une cuvette (alt. 35 à 50 m moyenne) majoritairement issue d’alluvions sablonneux, fermée par l’Oise à son ouest, par l’Aisne à son nord et par des formations « colluviales » plus hautes (alt. 130 à 146 m max), argileuses et calcaires en demi-cercle sur son sud et son est, formées à l’éocène inférieur.
Comme nous nous intéressons ici aux « monts » ainsi nommés dans la toponymie d’usage, c’est leur composition géologique plus résistante qui a façonné un environnement plutôt vallonné où prennent leur source des rus très longs (plus de 10 kilomètres) qui descendent jusqu’à l’Aisne (ru de Berne, déjà évoqué pour les Étangs) et jusqu’à l’Oise (ru des Planchettes et ru du Goderu).
Quelques buttes isolées ont survécu au retrait des eaux et à l’érosion (Il n’est pas rare d’y retrouver des coquillages fossilisés au sommet de ces « monts »).
Par conséquent, nous pouvons maintenant identifier les … 9 « monts » ainsi connus comme tel encore de nos jours et classé par « altitude » :
- Grands Monts
Point haut : 139 m
Cr des Grands Monts, Callisto, des Eluas, de l’Etoile de la Reine, d’Acaste, Route tournante sur les Grands Monts. Au sud du massif, cette zone se trouve à proximité la Réserve Biologique Intégrale (aucune intervention humaine) du même nom. J’adore en particulier un endroit exceptionnel, le Trou Jacquot avec des formations calcaires spectaculaires pour nos forêts et des arbres incroyablement enracinés (voir photos).
- Mont Saint-Pierre
Point haut : 137 m
C’est le seul de tous qui fût habité en permanence au moins depuis l’époque gallo-romaine, puis occupé par une abbaye de célestins du 14ème siècle jusqu’à la révolution. Sans tout raconter ici de sa très vieille histoire, il est aujourd’hui propriété de l’Agglomération de la Région de Compiègne qui le loue au Festival des Forêts pour des spectacles toujours exceptionnels dans ce cadre magique (voir photo du spectacle magique des siffleurs d’oiseau à la nuit tombante en 2018 juste après la remise en beauté des ruines de l’abbaye).
- Beaux-Monts
Point haut : 133 m
J’ai déjà longuement traité de ce vaste sujet pour la lettre B
- Mont Arcy
Point haut : 133 m
Cr de la Croix Aguet, Cr du Grand Veneur
Au sud du Mont Saint Pierre, sur la droite de la route de Pierrefonds.
C’est sûrement le moins connu et pourtant celui que je préfère pour son environnement visuel et biologique. Une fois garé prudemment au Cr des Marcassins, on remonte à pied la Route du Grand Maître en passant devant l’arbre des amoureux, un chêne et un charme réunis pour la vie (voir photos).
Pour qui veut s’entrainer à la randonnée montagnarde, c’est un joyeux terrain de jeu où on est plus tranquille qu’aux Beaux-Monts (voir photos).
- Mont Berny
Point haut : 132 m
Nous en avons déjà parlé à juste titre sur le sujet Gallo-Romain. Il ne fait pas partie du domaine ONF mais fait bien partie de la même unité géologique et biologique.
- Mont Collet
Point haut : 122 m
Cr du Mont Collet
Il prolonge vers le sud le Mont Saint Marc/d, juste séparé de lui par le Cr de la Fontaine de Maître Jean.
- Mont Saint Marc ou Mard
Point haut : 120 m
Cr des Carrières, de la Descente, du Geai, de la Fontaine Jean de Limé, de Courcelles, du Mont Saint Mard, Lamblin.
La dénomination du lieu est un sujet qui anime encore les discussions de bistrot entre « spécialistes » : avec un C ou avec un D ?
La très grande majorité des auteurs et historiens de la forêt (Graves, Marly, Mouton, Harlé d’Ophove) et tous les cartographes (voir cartes jointes) ont pris le parti du C, comme la DDE qui l’écrit ainsi sur ses panneaux de signalisation (voir photo jointe).
Restent Callais et Beauvy (inspiré par ce dernier) qui ont le parti du D, comme sur la carte IGN suivie par l’ONF, en référence à Saint Médard, évêque de Noyon sur un écrit de 1308 mais sans apporter la moindre preuve pour cela, ni expliquer pourquoi c’est le C est resté sur toutes les cartes de la forêt pendant plusieurs siècles jusqu’au 20ème (voir nombreuses cartes jointes, de 1700 à 1995).
Personne n’a jamais expliqué pourquoi, si cette hypothèse est bonne, le Mont s’appelle Saint-Mard et pas Saint-Médard, ce qui aurait levé toute incertitude. Les écrits anciens portent un nombre considérable de versions textuelles d’un même mot, qu’il suffit que change accidentellement un rédacteur de manuscrit. Pour vous dire, ma plus vieille carte IGN de 1995 porte la toponymie « Mont Saint Marc » (voire preuve jointe). Quand et pourquoi l’IGN a changé l’orthographe, mystère ? Si quelqu’un sait pourquoi, qu’il parle preuve à l’appui.
Mais ce Mont a bien d’autres points d’intérêt beaucoup plus concrets et intéressants ceux-là :
Nous avons déjà évoqué la Pierre Torniche qui se situe au nord, à partir du Cr des Carrières. Comme ce dernier nom l’indique, ce Mont a été longtemps exploité comme carrière de pierres calcaires dont beaucoup ont servi pour les édifices compiégnois, des maisons mais aussi pour l’Hôtel de Ville et le Château/Palais.
Tout proche d’elle, si vous ne le connaissez pas encore, passez présenter vos hommages au « veilleur », ce pin exceptionnel de 30 mètres et de 170 ans d’âge, droit comme un I et qui dépasse très largement tous les autres, greffé à un mètre du sol d’une pousse de pin laricio de Corse à partir d’une la souche d’un pin sylvestre.
- La fontaine Maître Jean est un point de rendez-vous bien connu des familles puisqu’on peut y accéder en voiture. Bien connu aussi des nettoyeurs de forêt.
photo
- Mont du Tremble
Point haut : 129 m
Cr du Mont du Tremble, Cr des Beaux-Monts, Cr Villequier
Lui est beaucoup moins connu que « les » Beaux Monts qui est son cousin tout proche. D’ailleurs personne n’explique à la fois la dénomination plurielle et celle, bien particulière du Mont du Tremble beaucoup moins fréquenté.
A son sommet se découvrent encore les vestiges d’un bâtiment militaire d’observation creusé par les allemands au début de leur occupation pendant la seconde guerre mondiale.
Photo BDPetits Monts
Zone située à l’est des Grands Monts vu précédemment.
Cr des Petits Monts, de Diane, des Muses, Sylvain, d’Angivillers, des Vestales, Madame, Galatée
Historiquement, les Petits Monts sont un secteur (« triage ») des Grands Monts.