Non classé

E comme Etangs

Le saviez-vous ? La forêt de Compiègne compte actuellement 11 étangs répertoriés.

Tous sont d’origine humaine, creusés au Moyen-Age sur la commande des ordres monastiques alentour, en particulier du plus important celui des célestins de l’abbaye de Saint-Pierre en Chastres, pour y faire reproduire le poisson indispensable à leur nourriture (chaque vendredi et durant les différentes périodes de jeûne). L’essentiel des étangs est associé au ru de Berne qui prend sa source vers Palesnes, le bourg qui, bien au-delà de Pierrefonds, est le plus proche de la forêt de Retz.

Plusieurs ont évolués dans la culture et le traitement (le « rouissage ») du chanvre destiné à tresser des cordes. Interdit en 1669 à cause de l’odeur incommodante pour le Roi et qui rendait l’eau toxique pour les poissons.

Par évidence, il faut commencer par « les » Étangs de Saint Pierre, au nombre actuellement de trois du nord au sud :

  1. l’étang de l’Etot
  2. l’étang de Saint-Pierre
  3. l’étang de la Rouillie

Problème pour les deux du sud qui sont de part et d’autre de la Maison forestière des Étangs de Saint-Pierre : bien que j’aie dû y passer des heures à tout relire, revoir, tous les textes de références (cf. sources ci-dessous) et des dizaines de cartes différentes, la question reste entière : pour faire simple, une moitié nomme « de Saint Pierre » le grand (11ha) et « de la Rouillie » le petit (3.4ha) ; et l’autre moitié l’inverse !

Coté ONF et IGN, on ne se mouille pas et on en reste aux Étangs de Saint-Pierre au pluriel. Coté pêcheurs, très actifs autour des deux étangs : pas d’ambiguïté, le petit c’est la Rouillie et le grand celui de Saint-Pierre. Cela reste à ce jour ma position personnelle, mais elle n’engage que moi.

Au nord, l’étang de l’Etot (anciennement nommé de l’Estocqs ou de l’Etau) est lui isolé auprès de son Cr du même nom sur la Route Eugénie.

Entre leur creusement au XVIème siècle et 1860 (sous Napoléon III, pour son plan d’aménagement de la forêt et ses « séries » déjà évoquées pour les Beaux-Monts), il y en a eu jusqu’à six. Ils sont nommés dans le « précis du canton de Compiègne » par Louis Graves (1855) à la page 176 : « On les connaît sous les noms d’étangs de Saint-Pierre, de la Mayette, de Lagneau, de la Rouillie, de l’Étaut et d’étang-neuf. Ils ont une superficie de 32 hectares. On les désignait, au seizième siècle, sous le titre collectif d’étangs Warin. Ils sont peuplés de carpes, et desséchés temporairement tour-à-tour » (voir plan de 1839 joint).


Plan Bussa 1172_etangs de saint pierre

Lors des travaux de 1859/1860, les deux les plus au sud géographique ont été réunis. La petite île qui subsiste dans l’étang de la Rouillie aujourd’hui doit être un reliquat du chemin qui les séparait.

Les trois les plus au nord ont été réunis et redessinés. Quand on s’enfonce un peu vers le Mont Saint Pierre et le Cr ND d’Adam, on peut encore voir sur la droite au niveau du ponceau une vieille barque et quelques aménagements piscicoles (voir photos jointes)

Ces travaux de remembrement ont été effectués juste avant la construction du relais de chasse du Pavillon Eugénie (dit aussi « Chalet de l’Impératrice »). Sur la carte postale jointe, on est surpris de voir que le Pavillon avait alors vue sur tout son environnement.


06-04-2021

Une fois traité ce cas à part, les autres étangs de la forêt existants à ce jour sont :

Accessibles au public

  1. Etang de Sainte-Périne, creusé en 1813 par le propriétaire de l’ermitage. A l’origine, il faisait aussi plus de 3ha mais a été réduit par envasement vers le Cr des amoureux (alimenté par le ru de la Brévière)

Photo

  • Etang du Buissonnet, ancienne gravière creusée après la 1ère guerre mondiale (p.1042). Tout proche il existe encore deux belles mares, anciennes gravières qui ont une fois leur exploitation arrêtée servi de fosse à ordures, au vu des restes de vie courante (bouteilles, bassines, ossements d’animaux de boucherie, …) que l’on y trouve continuellement : une au nord du Buissonnet, de l’autre coté de la voie ferrée (p.1032), l’autre à l’ouest de l’autre côté de la D130 (p.1082)

Photo

  • Etang du Louveteau (près du Cr de l’armistice, p.531)

photo

Privés et non accessibles au public (mêmes s’ils sont visibles)

  • Etang de l’Ortille, alimenté par le ru de Berne, sur la propriété privée du Moulin de l’Ortille
  • Etang du Vivier Frère Robert, sur propriété privée. Comme les autres, encore un étang creusé pour les religieux d’abord de Saint-Jean puis de Saint-Pierre. Il faisait 3 hectares à l’origine
  • Etang de la Landeblin, devant la Maison forestière du même nom, à la sortie sud-ouest de St Jean (alimenté à la jonction des rus de Saint-Nicolas et des Petits-Monts). il est juste en amont des anciens étangs de St Jean (ci-dessous)
  • Etang des Près de la Ville, creusé récemment en 1959 au sud du Cr du même nom, alimenté par le ru de la Fontaine aux Porchers, parcelle privée
  • Etang du Carandeau, à gauche et à droite de la route vers le rond-point de l’armistice. C’est un ensemble d’anciennes gravières, toutes privatisées.

N’existent plus à ce jour :

  • Etang de la Ville (anciennement L’Huillier) actuellement occupé par un bois privé au sud du Cr des Près de la Ville
  • Etang de Batigny : en lieu et place de ce que sont aujourd’hui les « près de Batigny », au sud de la Route Eugénie
  • Etang de Saint-Jean et Etang de Puiseux : deux étangs voisins entre Saint Jean aux Bois et Malassise. Ils étaient traversés par le ru de Saint-Nicolas, se jetant en aval dans le ru des Planchettes (voir carte jointe et photo satellite Geoportail)
  • Etang de Saint-Nicolas de Courson, creusés par le moines du Prieuré en 1545 et abandonné avant 1700

On ajoutera à cet inventaire les mares les plus significatives :

  • Mares Saint-Louis (Cr du Parquet de Bois, p.3292)
  • Mare Beauval (Cr d’Aumale, maison forestière de la Muette, sur le ru du Pain Cher, p.7011)
  • Mare Maillot (Cr St Hubert, p.6072)
  • Mare de l’Arbre sec (Cr Delagesneste, sur le ru de la Hideuse, p.8161)
  • Mare à Sel (Cr de la Grande Patte d’Oie, p.9341)
  • Mare Calabre (Cr de l’Hermine, p.1191)
  • Mares du Vivier Corax, derrière la Maison forestière, qui ne sont aujourd’hui qu’un marécage peu accessible et pas du tout valorisé (p.2381)
  • Mare de la Gouvernante (p.2491) aménagée avec le parcours pédagogique de la Rainette à partir de la maison forestière du Vivier-Corax

Pour conclure, il est important de citer les travaux récents qui ont permis de rétablir la continuité écologique du ru de Berne, de Pierrefonds jusqu’à l’Aisne où il se jette. Dans la parcelle 5332, une première tranche a été réalisée par l’ONF en 2017 puis une beaucoup plus importante a été réalisé en 2018 par le Syndicat Mixte Oise Aronde de Vieux Moulin jusqu’au Pont de Berne.


(J’avais fait un article sur ce sujet en septembre 2018, voir ci-joint)

Commentaires fermés sur E comme Etangs